Le tire-lait

Quand on est une maman tire-allaitante, notre meilleur ami pendant des heures, des jours, des mois, c’est le tire-lait. Le choix est donc primordial, bien qu’il soit extrêmement difficile. En effet, on doit se passer de comparaison : la location demande une ordonnance du médecin ou de la sage-femme, une réservation, un dépôt de garantie, etc. Et demander l’avis d’autres mamans comporte des limites : chaque femme – chaque corps – est différent.

J’ai essayé deux tire-laits, et voici ce que je peux en dire.

Le tire-lait KITETT

Me voilà sur le point de quitter la maternité. La sage-femme me tend un prospectus avec 3 tire-laits en photo : je vais devoir en choisir un et appeler une pharmacie pour le commander.

J’ai donc choisi au pifomètre, sûrement influencée par l’esthétique de l’appareil et le nom de la marque (Kitett, c’est rigolo, non ?). J’en ai été plutôt satisfaite pendant 2 mois, mais je n’avais pas vraiment de critères objectifs d’évaluation, ni de points de comparaison.

tire-lait-electrique-kitett

Au bout d’un certain temps, j’ai multiplié les engorgements, et le lait avait du mal à sortir : les téterelles étaient tout simplement trop petites ! Pour connaître sa taille, il suffit de demander à la sage-femme : elle dispose de réglettes avec gabarit à présenter devant le mamelon.

Tout est revenu dans l’ordre pendant quelques semaines. Puis, petit à petit, j’ai ressenti de plus en plus de douleurs, notamment à l’endroit où la téterelle fait un coude : le frottement créait une irritation avec un petit œdème… En discutant avec ma sage-femme, elle m’a proposé de changer de tire-lait.

Le tire-lait SYMPHONY de MEDELA

Pour ce second choix de tire-lait, j’ai parcouru les forums et blogs pour recueillir des avis. Et il y a de tout…

Comme il fallait n’en choisir qu’un, je me suis finalement orientée vers un Medela. La marque est la plus ancienne sur le marché, c’est donc une référence. Ceci étant dit, parfois une nouvelle marque très innovante peut proposer d’excellents produits. En l’occurrence, les maternités sont souvent équipées de tire-laits Medela, et même mon pharmacien avait choisi cette marque.

Restait à déterminer le modèle. J’ai éliminé le Lactina, car voir le système de pompage, c’est-à-dire la partie « technique » me dérangeait (déjà que cette situation n’est pas très glamour…).

Tire-lait-électrique-Lactina-MEDELA

J’ai donc choisi le Symphony, et j’en suis très contente.

Tire-lait-électrique-Symphony-MEDELA

Les douleurs ont disparu, ce tire-lait étant bien plus doux. Le réglage est plus personnalisable aussi. Mais ce que j’apprécie par dessus tout, c’est le silence ! En effet, avec ce tire-lait, je me pose dans le canapé devant la télé, et le temps me parait ainsi bien moins long.

Petits points négatifs : c’est l’appareil qui a les téterelles les plus onéreuses et les plus difficiles à nettoyer !

Astuces

Inutile d’acheter un tire-lait ! Si vous en avez besoin, il suffit de demander à votre médecin de vous le prescrire. La plupart des modèles peuvent se loue avec un remboursement intégral, soit en pharmacie, soit dans un magasin de matériel médical.

Le coût concerne surtout les téterelles, qui elles, sont très peu remboursées. N’oubliez pas qu’il s’agit de plastique, et qu’il est donc très facile de les nettoyer et de les stériliser : penser à acheter d’occasion ! J’en ai discuté avec ma sage-femme, et elle m’a confirmé que dans les hôpitaux, les matériels sont bien réutilisés également…

Le tire-allaitement : témoignage

On nous donne de plus en plus d’informations sur les bienfaits du lait maternel sur la santé présente et future des bébés, et dès la grossesse, j’avais décidé d’allaiter.

Donner son lait autrement qu’au sein

Mais parfois, décider ne suffit pas et la mise au sein est compliquée… Pour ma part, mon bébé a dès le départ de petits problèmes de succion : petite bouche qu’il n’ouvre pas en grand, réflexe de « tétouille », jaunisse qui le fatigue énormément et l’endort lors de la mise au sein. De mon côté, ça n’est pas mieux : bouts de sein faiblement sortis, difficiles à « attraper », et après une première semaine d’allaitement, des crevasses très étendues et très douloureuses…

Ma sage femme m’a alors prescrit un tire-lait, et en ce moment, je procède à l’expression de mon lait 4 à 5 fois par jour, puis je le conserve au réfrigérateur et je le donne au biberon après l’avoir réchauffé.

Être une mère tire-allaitante

C’est une situation atypique très difficile à vivre : on ne peut s’identifier à aucun groupe, ni mère allaitante, ni mère « moderne ».

Pour moi, le fait de ne pas mettre mon bébé au sein n’est pas un choix, mais une situation que je subis. Je vous livre ici un texte extrait du site de la Leche League, dans lequel je me reconnais.

la-leche-leagueDans la majorité des cas, les mères qui donnent leur lait autrement qu’au sein ne le font pas vraiment par choix, mais parce qu’elles ont connu des difficultés d’allaitement au démarrage, et qu’elles n’ont pas reçu le soutien et l’information nécessaires pour les surmonter. Tirer leur lait pour le donner au bébé leur a semblé sur le moment la meilleure façon de résoudre ces difficultés.

On pourrait être tenté d’essayer de résoudre leur problème d’allaitement, mais ce n’est pas si simple. Ces mères ont eu une expérience de l’allaitement désagréable, voire traumatisante, et elles ont surtout besoin d’acceptation et qu’on reconnaisse tous les efforts qu’elles font pour le bien de leur bébé. Tirer son lait pour le donner au biberon à l’enfant est souvent plus long et difficile que de mettre l’enfant au sein. Or, bien souvent, les efforts de la mère sont peu reconnus par son entourage, qui ne comprend pas qu’elle « s’embête » à ça, alors qu’il serait tellement plus facile d’utiliser un lait tiré d’une boîte…

Lorsque le « tire-allaitement » est un choix fait par la mère, elle peut se sentir jugée par les professionnels de santé, mal acceptée par d’autres mères allaitantes, et ne pas se voir elle-même comme une mère allaitante.

[…]

Cette  perte de la relation d’allaitement, vécue comme un crève-cœur par la mère, sera très souvent considérée par l’entourage comme une broutille en regard des autres problèmes, et la mère ne trouvera probablement aucune oreille attentive prête à l’écouter parler de sa peine. Sa décision de tirer son lait pour le donner à son bébé, afin de « sauver ce qui peut l’être », pourra même, dans certains cas, être considérée avec stupeur, voire avec hostilité. Et son chagrin de ne pas pouvoir avoir une relation d’allaitement « normale » sera généralement totalement incompris.

La mère se retrouve privée de cette relation qu’elle attendait ; elle ne pourra pas vivre les moments de joie et d’apaisement que sont les tétées, consoler facilement son enfant en le mettant au sein… Si, en outre, elle ne peut même pas faire part à d’autres personnes de sa peine par crainte de subir reproches ou moqueries, cela sera encore plus difficile à vivre.

Dans notre société où l’allaitement est encore peu valorisé, et où le lait industriel est considéré comme à peu près aussi bon que le lait maternel, les femmes qui décident d’allaiter pendant plus de quelques mois doivent souvent affronter une pression sociale les poussant à sevrer leur enfant. Cette pression sera encore plus importante sur une mère qui décide de tirer son lait, et d’autant plus si elle le fait longtemps.

Au lieu d’être félicitée et soutenue pour son souhait de donner à son enfant l’aliment de premier choix, elle s’entendra très souvent reprocher d’investir tant de temps et d’énergie à tirer son lait alors qu’il « serait tellement plus simple et tout aussi bien de donner un lait industriel ».

— Allaiter aujourd’hui n° 66, LLL France, 2006

Mon expérience

Des douleurs, des efforts, des contraintes, des larmes, des découragements, mais avant tout l’envie de faire ce qu’il y a de mieux pour son enfant.  Ce n’est pas l’allaitement dont j’avais rêvé, c’est très contraignant et fatiguant (tirer son lait en plus des tétées, faire la vaisselle, …) et c’est une situation que j’ai vécue comme un échec pendant un moment…

Mais j’ai du lait ! Même s’il est complété, il a quand même du lait maternel. Je fais de mon mieux, avec mes moyens, et il est clair qu’être maman solo dans cette situation ne m’a pas aidée : pas de soutien psychologique, pas de relais donc moins de sommeil, …

Tout a commencé à aller mieux lorsque j’ai lâché prise sur la mise au sein et renoncé à l’allaitement direct : à chaque tétée, j’appréhendais l’échec, je me crispais, mon bébé s’énervait et pleurait, bref, une mauvaise expérience, un échec à chaque fois, un moment difficile à vivre… J’ai repris mon courage à deux mains pour le tire-allaitement : au moins, ça fonctionnait, et je retrouvais là une dynamique d’énergie positive.

Ma sage femme m’a prescrit de l’homéopathie pour lutter contre le baby blues et les crevasses, ainsi que des téterelles plus larges (après 2 semaines de tire-lait, mes bouts de seins sont enfin sortis…). J’ai acheté de la tisane d’allaitement, de l’Ovomaltine et de la bière sans alcool. Je ne saurais dire si c’est « réellement » efficace, mais si ça ne l’est pas, ça ne peut pas faire de mal… En tout cas, après 10 mois de privation sur l’apéro, boire une bière, même sans alcool, a été pour moi comme un retour à la vie, et un moment de pur plaisir qui a certainement un effet positif sur le moral !

Aujourd’hui, je tire assez pour ne donner que mon lait à mon bébé. Je ne sais pas combien de temps cela pourra durer, à chaque jour suffit sa peine… mais tout ce qui est pris, est pris ! Lâcher prise sur la mise au sein n’a pas été une chose facile, mais finalement ça a été très libérateur psychologiquement. Et j’ai appris à envisager les côtés positifs de la situation : je peux confier mon bébé à sa grand mère, par exemple, qui est toute heureuse de lui donner le biberon, et qui me trouve très courageuse, puisqu’elle n’avait pas pu m’allaiter. Je tire mon lait en 15 minutes environ, alors qu’une tétée dure parfois près d’une heure ! et ce week-end, tandis que mamie nourrissait le bébé, maman en a profité pour faire autre chose : une bonne douche réparatrice avec quelques soins corporels, un brin de ménage et de rangement, etc. Un véritable luxe quand on est une maman solo !!

Je continue sur ma lancée des points positifs :

  • Je sais parfaitement combien boit mon bébé, chaque jour. Pas besoin de le peser ou de scruter les couches (de toute façon, je le fais quand même 🙂 ), il me suffit de constater ce qu’il boit. Un bon avantage pour les mamans stressées.
  • Je gagne du temps aussi : dès le départ, mon bébé prenait un biberon toutes les 3 heures. A un mois, j’avais retrouvé un peu de temps de sommeil et le rythme était le suivant : bain et biberon à 20h30, puis à 2 ou 3h du matin, puis à 6 ou 7h. Ensuite, la journée, il buvait toutes les 3 heures. En comparaison, les tétées au sein ont lieu toutes les 2 ou 3 heures pendant 2 ou 3 mois (témoignage de ma belle-sœur).
  • Puisque je tire, je vais jusqu’au bout du lait disponible et mon bébé boit systématiquement le fameux lait plus gras, disponible en fin de tétée, et qui évite les coliques et les selles vertes (source LLL).

En savoir plus : comment j’ai soigné mes crevasses, quel tire-lait j’utilise.


J’édite mon article afin de compléter mon témoignage et continuer à vous apporter des éléments positifs ! 🙂

A l’âge d’un mois et demi, mon bébé fait ses nuits ! Il dort de 22h à 6h, et ne boit plus que 5 biberons (120-150 ml) dans la journée. Pour ma part, je tire mon lait 4 fois par jour et je peux congeler environ 200 ml chaque jour. En résumé, je gagne en confort et en organisation, et mon bébé se développe bien. Finalement, une expérience très positive !


Suite et fin de mon tire-allaitement…

Lorsque mon bébé est passé à 4 biberons par jour, j’ai diminué le tirage à 3 fois par jour, puis au bout d’un mois à 2 fois par jour. Ce temps de « traite » devenait de plus en plus lourd à assumer psychologiquement, sans compter le temps à y consacrer…

A mi-chemin, sur les conseils de ma sage-femme, j’ai changé le modèle de mon tire-lait : quel confort immédiat ! Aussi, pour les mamans qui choisiraient de se lancer dans un tire-allaitement, je vous conseille de porter la plus grande attention au choix du modèle. Pour moi, c’en était fini des engorgements et autres douleurs !

J’ai donc choisi de sevrer mon bébé en douceur : à 4 mois et 1 semaine, j’ai introduit un biberon de lait de chèvre pendant 10 jours, puis un 2e biberon de lait artificiel encore pendant 10 jours. A presque 5 mois, il n’avait donc plus qu’un biberon de lait maternel le matin, et 3 biberons de lait de chèvre. J’ai arrêté l’expression du lait maternel à 5 mois et 1 semaine. Avec le stock de lait congelé, je sais qu’il aura encore du lait maternel jusqu’à ses 6 mois minimum.

A 5 mois et 1 semaine, nous avons également commencé la diversification (carotte, banane) avec quelques cuillères avant la tétée. Il était demandeur et cela lui plait beaucoup !

Malgré l’effort physique et psychologique que m’a demandé le tire-allaitement, le bilan que j’en tire est plus que positif. Mon bébé est en haut des courbes de croissance de taille et de poids, il est très éveillé et loin d’être en retard en termes de développement psychomoteur ! 🙂

Allaitement : soigner les crevasses

Aïe ! Voici l’une des difficultés rencontrée par les mères allaitantes : les crevasses sur les bouts de sein. Cela est dû en grande partie à une mauvaise position du bébé lors de la tétée. C’est très courant et très douloureux.

Pour ma part, les dégâts étaient conséquents : l’intégralité du téton était atteint, la crevasse formant une sorte de « croûte » sur le bout de sein…

soin-crevasses-dodieEn attendant le rendez-vous chez ma sage femme, j’ai pratiqué un cataplasme de mon propre lait : j’ai largement imbibé une gaze de mon lait, puis je l’ai positionnée sur le téton, et j’ai fait tenir avec un papier collant étanche pour conserver l’humidité. J’ai également appliqué régulièrement de la lanoline pure.

A ce sujet, je vous recommande la marque Dodie : j’ai particulièrement aimé le conditionnement, qui permet de ne pas contaminer la pommade et permet une distribution facile à doser.

Tout cela m’a immédiatement soulagée, mais sans guérir totalement…

coquille-medelaMa sage femme m’a alors aidée : elle m’a prescrit de l’homéopathie (je ne donnerai pas plus de détail car la substance ainsi que le dosage dépendent de la spécificité de vos crevasses) et recommandé de porter des coquilles Medela.

Le bout de sein est alors à l’abri des frottements, mais à l’air libre, ce qui accélère la cicatrisation.

Pour ma part, le résultat de l’association des deux a été spectaculaire : le sein droit a été réparé en 24h, et le gauche, plus atteint, en 3 ou 4 jours…

Attention : il y a de petits trous pour favoriser l’aération sur le dessus, et l’on peut avoir quelques fuites la nuit, lorsque les coquilles ont recueilli du lait !